Lorsque la Sangsue chasse avec le Cabot... { Jacob.

Je marchais. Seul. Dans la forêt. Il était tôt.

C’est rare que j’aille chasser aussi tôt. Venant de moi, c’est presque choquant. Même si j’suis un vampire, j’aime faire « la grass’ mat », rester longtemps, des heures, seul dans notre chambre avec Rose, l’entendre rire, la voir sourire, embrasser ses lèvres parfaites, la voir passer ses mains fines dans ses boucles blondes, profiter de la douceur de sa présence, de cette agréable solitude à deux, puis regarder le base-ball bien installé dans notre lit blanc… Ce sont des petits bonheurs quotidiens… Et… Eh ! Qu’est-ce qui ya de marrant ?! >< On dirait pas, j’l’avoue, mais j’ai un petit côté sentimental. J’aurai pu être poète dans une autre vie, hein ? Ma prose est grandiose n’est-ce pas ? (Comment ça non ?! è__é c’est hyper rooomantique ce que j’décris !! « Sans cœur » !! ><)
Enfin bref, même si on y croirait jamais, oui, le gros grizzly peut aussi être un petit nounours tout doux et tout câlin… Enfin seulement avec sa femme adorée bien entendu. Les autres, une bonne bourrade amicale et ça ira. Faut pas trop en demander non plus… Non mais ! >>
Enfin bon, aujourd’hui je voulais prendre l’air. Quitter un peu le calme pesant de la maison, cette ambiance trop douce, presque écœurante dans laquelle baigne la famille ces temps-ci, ça manque d’humour tout ça ! C’est dégoulinant d’amour et de bons sentiments, on déconne moins, c’est pô drôle ! J’suis l’seul à vouloir m’marrer ! Tout le monde n’a d’yeux que pour Ness ! D’ac… Je l’admets. Elle est vraiment trop mignonne, même moi j’avoue craquer pour la bouille de ma nièce préférée (c’est facile de dire ça. C’est la seule que j’ai xD) mais, le côté papa gâteau d’Edward, le côté mère poule de Bella, la perfection de l’Enfant miracle aussi adorable soit-elle, les radotages quasi incessants d’Alice sur l’avenir, le manque de réaction de Jasper, l’odeur infecte des cabots, enfin oublier un peu tout ça, histoire de changer d’air, quitte à laisser Rose quelques heures durant ça ne me fait vraiment pas de mal.
Une p’tite promenade chez Mère Nature, pour se changer les idées, ya que ça d’vrai !

Alors je partis.
A peine le soleil commença t-il à dévoiler le bout de ses rayons dorés, je partis arpentant tranquillement la forêt au bord de notre domaine. Je n’avais pas spécialement soif. J’aurai pu encore tenir largement quelques jours, c’était encore loin d’être une priorité. Mais la douleur assoiffée qui apparaissait au fond de ma gorge, de plus en plus forte au fil des jours, ne demandait qu’à être apaisée, et aujourd’hui était un jour parfait pour la satisfaire. Je marchai d’un pas calme, détendu… Apaisé, je fermai les yeux. Inspirant doucement l’oxygène des sous-bois. J’avais besoin de changer d’atmosphère, d’évacuer, de respirer l’air pur, vif, frais de la forêt, m’apportant à chaque bouffée un peu plus d’indices, de saveurs, de joies qui animaient la vie sous ces grands pins… Une odeur de mousse, de lichen, de fruits des bois, d’écorce, de bois, de terre, de gravier, de feuilles, d’eau de pluie, de vie… Des fourmis, des écureuils, des campagnols, puis plus gros, des lapins, des renards, des sangliers, des cerfs aussi… Et des ours ?

J’ouvris les yeux, ravi. Cette petite analyse des sous-bois m’avait fait le plus grand bien, remettant à flots mes sens, les aiguisant délicieusement. Mon instinct de chasseur restait fidèle à lui-même malgré mes périodes de chasse de plus en plus espacées. Entre le déménagement express, les stars bizarroïdes, la nomade rousse, et tout, on avait la tête ailleurs ces derniers mois, même si les autres trouvaient le temps de satisfaire leur désir de calme et d’affection. Très peu pour moi, merci bien. >>
Continuant de marcher, pensif et calme, j’abandonnai une piste d’élan sentie tout près de moi, préférant, dans l’instant, penser. Etre avec soi faisait du bien des fois. Savoir que personne ne pouvait vous entendre, lire en vous, comme mon cher frangin. Faire le point en solitaire ça fait du bien aussi…
Je m’étonnai de mes propres pensées. Moi qui aimais tellement être en groupe ! Avec ma femme, mes frères et sœurs, nièce, et parents. Et là, j’étais content. J’devenais bizarre. C’est peut être la maturité qui s’immisce doucement en moi ..? QUOI ? O__o mais qu’est ce que je raconte ?! J’débloque moi ! La solitude me va pas bien finalement ! >< Moi, mature ? j’suis sûr que Jacob et Bella se ficheraient d’moi s’ils savaient que j’pense une chose pareille ! Un Emmett Cullen mature ?! Mais c’est la fin du monde grand Dieu ! XD
Puis, je m’esclaffais doucement, me rappelant que se dire mature est la meilleure preuve au monde d’immaturité. Satisfait d’être toujours aussi… Moi quoi, je poursuivis ma route, à présent désireux de retrouver une proie.
Alors que je cherchais, ma solitude qui m’avait fait tant de bien, d’un coup me pesa. J’étais bien là. Mais être seul au levé du jour… Mais aussi j’avais pas envie de rentrer… Je voulais juste qu’on me rejoigne… Etre avec quelqu’un, parler, l’embêter, rire. C’était ça, oui, ça qui me manquait : délirer et rire.
N’importe qui aurait fait l’affaire, même la Nomade, enfin non, elle quand même pas… Humm… Même les clébards tiens !

Je marchai, à l’affût, guettant le moindre bruit, le moindre frémissement, le moindre le pas… C’est alors que j’entendis un bruissement pas très loin, des pas hâtifs, une dégaine particulièrement que je reconnaîtrais entre mille.
Et cette odeur. Nyaaark, je me pinçais presque le nez. C’était bien lui. Quand on parle du LOUP… (quelle expression aurait pu mieux aller que celle-ci ? x’D)
J'aurai parié que Lui aussi m'avait senti et devait se dire la même chose.

Contrairement à ma réaction habituelle, je souris, amusé.
Même si c’était Lui, j’étais content d’le voir. Même si c’était pour l’narguer et l’faire chier.
Au moins, j’serai plus seul.