Jayden Riley Shelton ; FINI !

Parfois, il faudrait mieux fermer les yeux pour tout oublier. Oublier cette peine qui nous ronge depuis le début, depuis que tout a commencé. En vérité, je ne devrais pas me plaindre. Je ne dois pas me plaindre. Durant cette période de ma vie, je n'avais pas idée de ce qui se passait. J'étais bien trop petit pour comprendre. Mais aujourd'hui, j'ai grandi. J'ai tellement changé ... Je me demande que serait ma vie si cet accident ne s'était jamais produit ? Serais-je toujours le même ? Le jeune homme de 21 ans qui ne sait plus quoi faire de ses jours, à marcher où bon lui semble, quand bon lui semble ? A parcourir le monde n'ayant pour bagages que son esprit évadé dans les lointaines réflexions ? Je n'ai jamais réellement su qu'est-ce que je cherchais, qu'est-ce que je voulais exactement. Parfois même, je me demandais qui étais-je vraiment. Ce fameux premier mars 1870, ma vie a - sans le savoir - basculé entièrement. Peut-être qu'à ce jour, je ne serais pas Jayden Riley Shelton mais bien Anderson De Villeneuve. Mes parents, les vrais, les purs, sont morts à cette date précise, dans les alentours de 23 heures. Mais comment pouvais-je prévoir que ma naissance allait provoquer la mort de deux jeunes adultes, fous de joie à l'idée d'être bientôt parents ? Suis-je coupable ? Suis-je ... un meurtrier ? Car eux, en échange de ma vie, ils m'ont donné la leur. Cette histoire aurait pu se finir d'une toute autre manière. J'aurais pu ne pas survivre à cet accident, j'aurais pu les accompagner dans la longue route les menant au Ciel. Mais le mal est fait. Et les conséquences en sont telles quelles.

Mon enfance n'a pas non plus été des plus dorés. Aussitôt placé à l'orphelinat, j'ai été adopté par Maxence et Hazel Shelton. J'avais beau n'avoir que quelques jours, je ressentais déjà l'amour qu'il me portait du plus profond de leur cœur. Je fus le seul et unique enfant du couple. Finalement, je crois que c'était mieux ainsi. Je suis du genre solitaire et je préfère parfois m'isoler dans un coin que de me mêler à une foule de gens. A l'école, j'étais toujours rejeté des autres groupes ; soit parce que je ne parlais jamais, soit parce qu'il me trouvait "mystérieux". Mystérieux, c'est tout a fait l'adjectif qui me qualifie entièrement. Je ne parle jamais de moi, je ne parle pas tout court même. Ou du mois, que très peu. Et ça, ça n'a toujours pas changé. Ça n'inclue pas le fait que je ne sois pas sociable, au contraire. Je peux très bien me faire des amis, mais disons que "copains" ne signifie pas pour moi de rester tout le temps avec eux. N'avez-vous jamais essayé de vous asseoir seul, dans un coin, à songer à tout ce qui vous arrive, à tout ce qui vous entoure ? Moi, j'ai eu 139 ans pour le faire.

L'adolescence est une passe difficile, certes. Mais pour moi, elle était légèrement plus différente que les autres. Pour je ne sais quelle raison, les filles se sont soudainement de plus en plus intéressées à moi. Pourtant, je n'avais rien de spécial. Juste des cheveux mi-longs, blonds, et deux petits yeux marrons. A cause de mon petit corps de brindille, j'avais plus l'air d'avoir 10 ans que 14. Mais ces filles, on ne les comprendra jamais ...

Do I am a murderer ? A monster ?

Ce jour fut sans doute le plus tragique de mon existence. De mes 139 ans de vie, jamais je n'avais ressenti une douleur pareille. Celle du venin qui se propageait dans mes veines, pour venir s'emparer de mon corps, de ma tête, puis faire de moi ce que je suis aujourd'hui. Un vampire. Je ne sais pas si j'ai mérité ce sort. J'avais seulement 21 ans ; mais sûrement pour me punir de cet ennui perpétuel, il m'a donné l'immortalité. Je n'en voulais pas, mais il me l'a quand même infligé. Il ? Celui qui m'a transformé. Celui qui, sans doute, avait décidé de gâcher la vie d'un misérable être humain que j'étais. Après ma transformation, je ne l'ai jamais revu. D'ailleurs, des sens - indésirables - se sont éveillés en moi. L'envie de meurtre, l'envie de sang ... Bizarrement, je me sentais mieux. Libéré de la vie humaine. Cette nouvelle identité m'avait changé. En bien ou en mal ? Je n'en sais trop rien. Une chose est sûre : je prends désormais un malin plaisir à me montrer cruel avec mes victimes, à les faire crier, les faire regretter d'avoir une vie bien plus excitante que celle que j'avais eu. Contre moi, ils ne peuvent rien. Je suis une machine à tuer, un redoutable prédateur à l'affut de ses proies. Ma vitesse est mon principal atout. Ils ne peuvent pas m'échapper. Ma vie est-elle mieux ainsi ?