Quand l'ennui est passé_|Pv Edward

L’affection était quelque chose que tout le monde avait besoin dans la vie. Comme une mère protège son bébé en le tenant dans ses bras, comme les gens se font la bise quand cela faisait longtemps qu’ils ne se sont pas vus, comme deux amis se faisant un câlin lorsqu’une verse des larmes. Je me refusais obstinément à penser que quelqu’un n’en éprouve pas la nécessité. Cela m’était inconcevable. Pour moi, il me semblait que l’on ne pouvait pas vivre sans amour, sans soutien, sans savoir que quelqu’un était derrière nous moralement. Tout le monde avait besoin d’une petite tape dans le dos, d’un encouragement, d’une poignée de main, d’une accolade, d’un baiser sur une joue. Les solitaires devaient trouver la vie bien triste et bien morose sans quelqu’un à qui la partager. C’était ma façon de penser depuis des années et des années, quand j’avais eu une famille, une vraie, qui me comprenait. Pas une famille dont le père forçait son fils à tuer des innocents au bûcher, à l’entraîner dans des chasses sans queue ni tête. Aujourd’hui, je réalisais à quel point j’étais chanceux de tous les avoir en sécurité avec moi.

C’était exactement la même chose pour l’amour. L’amour maternel, c’était complètement raté. Je ne voyais jamais ma mère tellement elle n’était pas là pour les enfants. Il n’y avait que mon père qui m’utilisait comme bon lui semblait. Impossible de lui résister car, à cette époque, désobéir à ses parents était très mal vu. Un peu plus et nous brûlions en enfer pour toujours à cause de ce pêcher. Toutefois, maintenant, Esmée faisait partie de ma vie de tous les jours depuis un siècle. Elle était la première à qui j’avais tendu les bras, à qui j’avais proposé un amour fort et réciproque... pour la marier quelques années plus tard. Offrir un amour sincère était déjà le plus beau des cadeaux, alors une vie éternelle passée avec son âme-sœur, qui demanderais plus ? Mais lorsque l’on avait perdu sa bien-aimée, à quoi bon l’immortalité pouvait-elle bien servir ? Lorsque je pensais à Edward et Bella, je ne pouvais m’empêcher de ressentir une profonde tristesse pour mon fils adoptif. Je ne comprenais toujours pas le choix de Bella.

« Elle a besoin de sa mère, c’est tout, lançai-je avec un léger sourire, essayant de ne pas gâcher notre retour par la tristesse de Renesmée, avant de rajouter, un peu pour moi-même. D’ailleurs, je ne comprends toujours pas le choix de Bella de nous quitter. Elle était bien pourtant avec nous, non ? »

Je secouai légèrement la tête, les sourcils froncés. Pourquoi me remplir l’esprit de pensées sombres alors que je revoyais les gens qui comptaient le plus pour moi ? Je m’empressais de chasser ces songes obscures de ma tête, pour me tourner vers la raison première de notre rencontre : une chasse entre gars. C’était l’endroit parfait pour ça. Ma première traque à Los Angeles depuis des années !

« Alors allons-y »

Lui répondis-je avec un sourire avant de m’élancer à travers les arbres, Edward sur mes talons.

Tandis que je m’élançais à travers les arbres, tous mes sens se réveillaient soudainement, mon instinct vampirique subitement mis en éveil comme à chacune de mes chasses. C’était quelque chose d’habituel à lequel je m’étais maintenant habitué. J’avais mis des années à comprendre ce que j’étais devenu et à chercher un chemin. J’avais trouvé ma raison dans cette traque aux animaux ; un geste si cruel pour les humains, mais si libérateur et bien significatif pour un vampire végétarien. Je profitais de l’instant présent au maximum. Je sentais la brise souffler sur mon visage et dans mes cheveux blonds, les faisant onduler légèrement. Je sentais les rayons du soleil qui réussissaient à percer les arbres chauffer ma peau de marbre. Tout semblait si détaillé, si précis, si beau, si irréel… Je percevais le parfum des fleurs comme jamais, j’entendais le bruit de la forêt avec une telle précision que je ne pouvais m’empêcher de remercier le ciel chaque jour de m’avoir fait don d’un si merveilleux cadeau. Chaque bruit était une mélodie, chaque être semblait un trésor, chaque roche semblait être un diamant aux yeux d’un vampire. Je laissais mon odorat surdéveloppé guider mes pas, me laissant porter sur la piste d’une bête, me rapprochant de ma cible à chaque foulée. Enfin, lorsque je pus sentir le souffle de ma proie à côté de moi, lorsque le son de ses sabots martelant le sol résonna à mes oreilles comme un essaim de tambours, je lui sautai au cou. Il ne me fallut qu’à peine une dizaine de secondes pour vider la biche de son sang, son corps retombant mollement dans l’herbe.

Enfin, je fus sorti de mes pensées par la voix d’Edward qui résonna à quelques mètres de mon emplacement. Je me tournais vers lui, essuyant au passage les gouttes de sang qui perlaient sur mes lèvres. Mon odorat seul me confirma qu’il avait attrapé un cerf…vu l’odeur de bête encore fraîche qui s’en dégageait. Il devait y avoir un troupeau non loin, mais je ne m’en préoccupais pas tout de suite souriait à mon fils –que je pouvais apercevoir à travers les fougères-. Je passais en revue dans ma tête les événements que j’avais vécus en trois ans, purgeant dans ma mémoire les souvenirs du passé.

« Nous avons rencontré des vampires végétariens et aussi des vampires carnivores à New York. Ils sont tous très civilisés, il ne s’agit pas de sadiques comme Innocence. Mais leur mode de vie me répugne toujours autant… »

Lui répondis-je avec un léger sourire amusé. Malheureusement, il y avait encore et trop d’assassins qui voyageaient à travers le monde en tuant des innocents, d’un désir mortel, tuant pour le simple plaisir. Cela m’attristait et me répugnait à la fois (je pensais à Alana et à notre dernière rencontre, faut bien l’avouer, cauchemardesque).